Réflexion sur le temps d'Armanté
I- Les communautés villageoises en pleine déconfiture
Ce qui caractérisait nos villages avant 1453, c'était ce maillage très fin des liens entre villageois. Qui de s'occuper du lavoir, qui de s'occuper des berges de la rivière,chacun héritant d'un métier, mais aussi de quelques unes de ces petites obligations, les corvées, que le seigneur veillait à faire appliquer, mais qui découlent plus du bon sens que d'une quelconque tyrannie locale...Si personne n'entretient le matériel de la communauté, celui-ci se désagrège. Evidemment on peut se demander si le moulin banal profite autant à la communauté qu'au seigneur, mais tous les équipements communs ne sont pas (ou pas encore) taxés, et ces taxes servent à payer les dévorants besoins de l'administration du roy, les impots remontent des villages aux provinces, et des provinces...C'est moins vrai en dehors du domaine royal, je nuance, mais étant normand d'origine, ce fait m'a frappé. Mais les coutumes se perdent, les habitants sont presques tous orphelins avant d'avoir pu hériter d'un métier, et personne ne leur indique les tâches à accomplir. Les villages étaient des ruches, ils sont maintenant des guepiers.
II- Un signe venu d'en haut
Mais on ne peut être plus royaliste que le roy, n'est-ce pas? Ah je finirai surement écartelé, roué puis brûlé avant que mes cendres soient dispersées aux quatre vents. Je vais tout de même étendre ma pensée aux états supérieurs de la société. Les moines sont soumis à une tâche collective que seuls les liens communautaires peuvent soutenir. Leur long échec à les mettre en place a pour preuve l'échec de la fabrication de bière. L'Eglise a tout de même beaucoup travaillé pour fonder des séminaires qui permettent à la communauté aristotélicienne de croitre...du moins parmis les lettrés. Quid de la noblesse? Sitôt anobli, et malgré ses liens avec la terre qui lui est octroyée, il se tourne vers Paris...ou il part méditer, chose que je ne pourrais condamner, mais les assemblées nobiliaires de provinces sont souvent composées d'anciens adversaires, ou d'inconnus...Il faut attendre longtemps pour voir se créer un maillage assurant une stabilité entre les nobles d'une province, quand les seigneuries ne sont pas simplement utilisées à des fins clientèlistes. Comment pourrait-il en être autrement quand les seules sorties sur le terrain sont celles dues à la guerre? Comment s'étonner dès lors que le divorce entre les membres du corps social s'enterrine et que le peuple dépérisse?
III- Si ça continue
Les importants coûts de fonctionnement d'une province commandent aux dirigeants d'y maintenir un dynamisme certain. Sans le soutien de la structure traditionnelle de la société, c'est peine perdue. Voilà ce qui va se passer, ceci dit sans sorcellerie, par la simple force des défauts de liens communautaires partout constatables: Les provinces fortes devront se renforcer et entretenir de vastes armées. Les provinces faibles vont se voir soumises à la tyrannie des plus fortes et vont se retrouver en rupture de trésorerie...Parmis les conditions de rédition d'une province soumise, plutot qu'une couteuse assimilation, il sera imposé l'arret de la naissance des animaux. La famine gangrenera ces provinces...La diminution des pouvoirs des provinces peut être endiguée par une action à plusieurs niveaux:
-Réorganisation progressive, en suivant la voix du bon sens des tâches communautaires dans les villages, à la manière des moines.
-Rassemblement des noblesses provinciales dans leurs propres forêts pour redécouvrir leurs terres et accélérer le processus visant à resserer leurs liens.
IV- Mais la surproduction?
Pour retrouver le sens de la communauté, la création d'équipages de chasse et de vastes meutes permettra de résorber les surplus, tout en dynamisant les provinces par des activités moins destructrices de la guerre. Cela constitue aussi un entrainnement martial parfait, garantissant la sécurité de la province.
V- Si tu dis ça c'est que tu penses qu'on aime pas notre province
Non, je pense que pour mieux l'aimer, voire pour l'aimer vraiment, il ne suffit pas de s'assoir derrière un bureau pour répéter les gestes de son prédécesseur. Je dis qu'il faut vite changer de méthode avant qu'on en revienne à un âge barbare.
VI- Ca ressemble à un programme électoral
C'est plutot une philosophie personnelle, le combat de ceux qui veulent faire avancer les choses. Mais ce serait une bonne chose que cela inspire les politiciens.
VII- Pourquoi ne le font-ils pas?
La bonne volonté n'est pas la seule condition pour gérer les affaires publiques. Il faut aussi être compétent, bien sûr, mais plus que ça, il ne faut pas être naïf. Les coups sont bas et viennent des endroits les plus surprenants. Ils préfèrent taire les bénéfices qu'apporteraient la réhabilitation des coutumes communautaires des villages et les coutumes de chasse de la noblesse...Pire, ils n'y pensent que très peu, cela n'est pas intéressant, il n'est pas dans leur habitude de penser au bien être du peuple. Le prestige de la province est bien leur objectif. Je me range dans le camp de ceux qui refusent de s'en tenir là.