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 De la 1ere croisade à la prise de jerusalem

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Valdoise Châtillon

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MessageSujet: De la 1ere croisade à la prise de jerusalem   De la 1ere croisade à la prise de jerusalem EmptyVen 23 Mai - 19:38

Les rapports de Byzance avec l'Occident

Quelleest la responsabilité de Byzance dans l'ébranlement de la PremièreCroisade ? Est-ce que c'est Byzance qui a attiré l'attention de l'Occident sur les dangers courus par les Lieux Saints, et ce malgré les chisme, faisant jouer la solidarité chrétienne ? Il faut se rappeler qu'entre 1054 et 1095 les contacts n'ont jamais été totalemen trompus entre Rome et Byzance. Pour ne citer que cet exemple, Grégoire VII (1073-1085) avait déjà pensé à secourir Byzance contre les Turcscar il souhaitait le rétablissement de l'union entre les chrétientés.


Defait, les Occidentaux ne sont pas inconnus à Byzance. Les pélerinstransitent par Constantinople; il y a une petite colonie de marchands italiens, dont les activités encore réduites (malgré le chrysobulle de
1082) ne suscitent pas encore d'hostilité généralisée.

Les Normands sont les plus présents, au titre ambigu d'ennemi ou de mercenaires. Après la prise de Bari en 1071 par Robert Guiscard, toute l'Italie du Sud leur appartient. Byzance évincée cherche alors l'appui de ses anciens ennemis. Le traité d'alliance, conclu en 1074 avec Robert Guiscard, ne vise pas seulement à écarter la menace d'une attaque possible, mais aussi à acheter par l'octroi de dignités et de pensions les services éventuels des soldats normands.

Robert Guiscard (1015-1085) : fils de Tancrède de Hauteville et frère de Roger Ier, il rejoint ses frères en Italie en 1049, écrase l'armée pontificale en 1053, puis, après s'être réconcilié avec le pape en 1059, termine ses conquètes avec son accord : il prend Bari en 1071, envahit les Balkans entre 1081 et 1083, mais est contraint de se rembarquer. C'est le père de Bohémond Ier de Tarente. Dès le milieu du XIe siècle, les contingents normands, corps d'élite de l'armée byzantine, sont employés en Arménie à la défense de la frontière contre les incursions seldjoukides. Les Normands attaquent la Grèce entre 1081 et 1085. Entre 1081 et 1084, Durazzo, qui appartient à Byzance, passe aux Normands.


Un «malentendu tragique» : le concile de Plaisance
Qu'y a-t-il donc d'urgent en 1095 ? En fait rien, et même, au moment où Urbain II prêche cette croisade, Byzance n'a jamais été si calme. La principale menace vient d'Anatolie : les Turcs Seldjoukides s'emparent de Bagdad en 1055, de l'Arménie en 1064; en 1070, ils vassalisent Alep;
la défaite byzantine à la bataille de Manzikert en 1071 ouvre l'Asie Mineure aux Turcs. Mais en 1095 le pouvoir musulman est décomposé et jamais la pression sur Byzance n'a été si faible : les Byzantins
envisagent même une offensive contre l'Islam pour reprendre ce qu'il lui a pris. En Mars 1095, l'empereur byzantin envoie donc des ambassadeurs au concile de Plaisance en Italie, qui devait traiter
essentiellement de problèmes de discipline ecclésiastique. Alexis Ier Comnène (1081-1118) écrit une lettre adressée au Comte de Flandres et à travers lui à tout l'Occident; c'est un appel à l'aide et une
description apocalyptique de la situation des chrétiens sous le joug musulman : il est urgent d'intervenir. Il s'agit de protèger les Lieux Saints mais aussi Constantinople et ses reliques.

Cette lettre est en fait un faux : elle a été écrite au début du XIIe siècle, après le départ de la Première Croisade, par le fils de Robert Guiscard, Bohémond de Tarente (ou Bohémond d'Antioche), un des grands bénéficiaires de cette croisade, et l'un de ses chefs. Il se trouve alors dans une situation difficile et vient en Occident trouver de l'aide.

Les Byzantins ne cherchent pas la promesse d'un secours militaire mais un blanc-seing pour le projet de reconquête : il n'y a en fait pas de lien direct entre la situation militaire de Byzance et le début de la Ie croisade. Il s'agit là d'un «malentendu tragique» : «Les Grecs ne pensaient qu'à une entreprise militaire sans aucun contenu religieux, et ils vont voir arriver une horde incontrôlée, animée d'un esprit de guerre sainte qui leur était totalement étranger» (DUCELLIER, KAPLAN, MARTIN, Le Proche-Orient
médieval).


L'appel de Clermont : 20 Novembre 1095 :


De la 1ere croisade à la prise de jerusalem Concile_Clermont_petit


Il est lancé par Urbain II (Eudes de Châtillon), ancien moine clunisien. En 1095, la situation est délicate à cause de la lutte multidécennale contre l'Empire byzantin. De plus, il y a à l'époque deux papes : Urbain II (1088-1099), et Clément III, antipape impérial germanique, archevêque de Ravenne (1080-1100). La situation de l'Occident aussi est délicate : l'empereur Henri IV de Germanie (1056-1106), les rois Philippe Ier de France (1060-1108) et Guillaume II le Roux de Grande-Bretagne (fils de Guillaume le Conquérant; il règne de 1087 à
1100) sont tous excommuniés :

Philippe Ier a répudié sa femme, sa nièce Berthe de Hollande, et épousé Bertrade de Montfort en 1092;

Henri IV s'est opposé au Pape dans le cadre de la Querelle des Investitures, qui oppose le pape aux souverains temporels pour l'investiture des abbés et des évêques; Henri IV est excommunié en 1076, pardonné en 1077, à nouveau excommunié en 1080.

Le concile de Clermont est à l'origine réuni pour traiter de discipline ecclésiastique, comme celui de Plaisance; les canons adoptés concernent l'investiture des clercs par les laïcs, la simonie, le nicolaïsme... Seuls deux canons se rapportent directement ou indirectement à la croisade : le premier
étend la paix de Dieu, imposée jusque là au seul plan régional, au domaine de toute l'Église; le second promet l'indulgence plénière (c'est-à-dire la remise de la pénitence imposée pour le pardon des
péchés, et non la rémission de ceux-ci) à tout ceux qui partiront pour délivrer l'Église de Dieu à Jérusalem.

Pour clôturer le concile, Urbain II devait prononcer un sermon en présence d'une foule de clercs et de laïcs dans un champ à l'extérieur de la ville. Nous n'avons pas le texte de de l'appel de Clermont. Il est connu par deux historiens contemporains, Foucher de Chartres et un autre appelé «l'anonyme des Croisades». Religieux et chroniqueur français, Foucher de Chartres (1058-après 1127) a participé à la première croisade et en écrit l'histoire (Histoire de Jérusalem).

Ces deux historiens rapportent qu'après avoir évoqué les malheurs des chrétiens d'Orient,
le pape adjura les chrétiens d'Occident de cesser leurs guerres fratricides, d'oublier leurs haines, de s'unir pour combattre les païens et de délivrer leurs frères en Orient. En parlant de la croisade, il pensait à la fois :

à la protection de l'empire grec (avec l'espoir du retour de l'Eglise grecque au bercail).
à la conquéte des Lieux Saints. C'est dans cette perspective qu'il fait valoir la situation catastrophique de l'Orient : «ce peuple néfaste que sont les Sarrasins» persécute les chrétiens et souille les Lieux
Saints. Il s'agit donc de se porter à leur secours. Il n'avait pas du tout prévu que les choses évolueraient ainsi. Urbain II entendait favoriser le départ de chevaliers qui formeraient une expédition
organisée et efficace. Ce sont cependant des centaines de milliers de gens, hommes, femmes et enfants, qui s'ébranlent au cri de «Dieu le veult !». La seule route concevable est la route de terre, qui descend le Danube jusqu'à son embouchure et fait de Constantinople le passage obligé, et de l'empereur byzantin l'intermédiaire qui se chargera de leur faire traverser les Détroits. Tous les croisés partent par la voie de terre, sauf les Normands de Sicile.


Une croix sur l'épaule gauche n'était pas un insigne nouveau pour des pélerins; ceux qui partent pour la Terre Sainte l'adoptent comme signe universel de reconnaissance, d'où ils tirent leur nom. Cependant le mot n'apparaît qu'après 1250 pour désigner l'expédition vers Jérusalem des soldats du Christ. Aux XIe et XIIe siècles, on parle plutôt de «voyage de Jérusalem» , de pélerinage ou d'expédition, sans autre précision.


La première vague : qui sont-ils ?
Le premier groupe est une «horde» : c'est le groupe le plus nombreux, sans
armes et sans vivres, indiscipliné. Il est impossible de dire leur nombre; ils sont sans doute plus de 100 000, peut-être plus de 300 000. C'est énorme pour le Moyen-Âge, dont les armées ne comptent pas plus de 2 000 ou 3 000 hommes. Cette énorme foule se joint aux combattants, conduite par des chefs locaux ou des prédicateurs apparus avant la Croisade. Ces prédicateurs sont des «fous de Dieu» que l'on signale partout, peut-être davantage dans l'Ouest de la France (Robert d'Arbrissel dans la vallée de la Loire).

Parmi eux il y a Gautier-sans-avoir et Pierre l'Ermite, qui est déjà allé à Jérusalem lorsqu'il prêche la Première Croisade. Ce personnage est entouré d'une vénération charismatique.

Gautier-sans-avoir : Chevalier français, mort en 1096 ou 1097. Il conduisit une partie de la croisade
populaire qui fut massacrée avant d'atteindre Constantinople.

Pierre l'Ermite (1050?-1115) : Religieux français, il prêcha la première croisade et fut l'un des chefs de la croisade populaire qui fut arrêtée par les Turcs en Asie Mineure. Après avoir assisté à la prise de
Jérusalem, il fonda le monastère belge de Neufmoustier

Cette troupe est très marquée par l'idée que la fin du monde est imminente : ils n'ont donc pas d'esprit de retour. Les temps sont propices à cet exode, car depuis une dizaine d'années une série de calamités naturelles, de famines et d'épidémies, ont frappé les régions rhénanes et le nord de la France. L'effervescence populaire, l'enthousiasme contagieux des laïcs qui s'exhortent les uns les autres à partir s'accompagnent de signes (comètes, etc) qui frappent les imaginations.
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MessageSujet: Re: De la 1ere croisade à la prise de jerusalem   De la 1ere croisade à la prise de jerusalem EmptyVen 23 Mai - 19:43

Vers Jérusalem :

Ce premier groupe se met en route dès la fin de l'hiver, en avril 1096, au moment de la soudure entre les récoltes : les céréales risquent de manquer. les pélerins partent avec femmes et enfants, un peu au hasard (ils n'ont pas de cartes) en descendant la vallée du Danube (une grande partie de la troupe est issue de la Rhénanie). C'est alors qu'ont lieu les premiers grands pogroms : Worms, Mayence, Cologne, Trêves, Metz, Ratisbonne, Prague, etc, dans des villes où les juiveries étaient anciennes, prospères, installées par les princes. Ces pogroms sont déclenchés par des chevaliers fanatiques, parfois animés par une vision apocalyptique du monde : l'idée existe d'un «empereur des derniers
jours» qui ira à Jérusalem déposer sa couronne sur le Golgotha; ce sera alors la parousie. Emich de Leimlingen prétend être le futur roi. Ces pogroms massifs inaugurent le phénomène; ils n'avaient alors eu que des précédents de faible intensité, sur le chemin des chevaliers de France vers l'Espagne (Reconquista). L'idée d'aller à Jérusalem déclenche l'interrogation majeure du christocentrisme : qui est responsable de la mort du Christ. Ce sont les Juifs qui sont désignés.

Cette colonne subit de lourdes pertes et s'accompagne de pillages et de désordres. Elle laisse de très mauvais souvenirs sur son passage, molestant les populations, volant leur ravitaillement; l'image des
Occidentaux ne s'en améliore pas (barbares, brutaux, pillards...). Anne Comnène, la fille d'Alexis Comnène, a laissé sur cette expédition un témoignage de première main (L'Alexiade), qui donne le point de vue byzantin sur les Croisés. C'est grâce a ce texte que nous connaissons Pierre l'Ermite, qu'elle qualifie de «celte» . Anne est outrée par la conduite de ces hommes, en particulier par celle des prêtres qui souillent leurs mains en portant l'épée.

Une grande partie a déjà succombé (longueur du trajet, brigands, maladies...) quand la troupe arrive à Constantinople en août 1096. L'empereur leur fournit des bateaux pour traverser les Détroits. À leur arrivée en Turquie en octobre 1096, ils sont en grande partie massacrés tandis que les survivants sont ramenés à Constantinople par les bateaux byzantins.

Les expéditions officielles :
Il y a aussi des petites gens pour suivre ces cortèges, mais au contraire du premier groupe ils attendent pour partir. Le légat pontifical (Adémar de Monteil) veille en effet à ce que se soit un pélerinage armé pénitentiel.

Adémar de Monteil : évêque du Puy, il fut chargé par Urbain II de prêcher la première croisade, à laquelle il participa. Il mourut de la peste après la prise d'Antioche.

Ce second groupe est celui des gens riches, des spécialistes de la guerre, qui partent plus tard. C'est à eux qu'Urbain II pensait en parlant des Lieux Saints. Il n'y a aucun roi parmi ces grands seigneurs, mais des princes territoriaux, vassaux directs des rois :

Raymond IV de Saint Gilles, comte de Toulouse et de Provence (1042-1105). Il conduit le contingent provençal et languedocien. La maison de Toulouse sera décapitée en 1229, après la croisade albigeoise. Le contingent de l'ouest : il est mené par Robert Courteheuse duc de Normandie, ainsi
qu'Étienne de Blois et Hugues de Vermandois, le frère du roi Philippe.

Robert II Courteheuse ou Courtecuisse (1054-1143) : Duc de Normandie de 1087 à 1106, fils de Guillaume le Conquérant, il se révolta contre lui en 1078. Il participa à la première croisade, fut spolié du trône d'Angleterre en 1100 par son frère Henri Ier qui le vainquit et le dépouilla de la Normandie en 1106. Le contingent normand est mené par Guiscard Tancrède de Hauteville. et son oncle, Bohémond de Tarente.

La maison des ducs de Basse-Lorraine : elle est représentée par Godefroi de Bouillon (1061-1100), duc de Basse-Lotharingie, et son frère Baudouin de Boulogne (1058-1118).

Le départ pour l'Orient comme mercenaire et maintenant comme croisé est l'un des moyens de
s'afranchir de la contrainte du lignage, en un temps où le mouvement de paix et le resserrement des liens vassaliques limitent les occasions d'aventures. En outre, le chevalier accomplit ainsi au service du
Christ son devoir vassalique. En même temps, les croisés quittent l'espace étroit et pauvre de l'Occident dans la certitude d'une récompense qui fera d'eux les héritiers du Christ; la rétribution
céleste n'exclut pas en effet les avantages matériels.
Cette troupe attend le mois d'août 1096 pour partir, quand les moissons sont faites. Ils prennent le temps de s'équiper : cela implique beaucoup d'opérations financières. Les grands banquiers de l'Occident ont été les monastères, avec la formule du mort-gage : si les emprunteurs ne
reviennent pas, le gage restera aux prêteurs. La Croisade a donc un but purement spirituel, mais éveille aussi des projets et des ambitions; par exemple, Godefroi de Bouillon a tout vendu et doit se refaire une fortune.



L'arrivée en Orient (printemps 1097) :
Les derniers contingents arrivent en mai 1097; ce sont entre 50 000 et 100 000 hommes, dont 4 000 chevaliers et 30 000 servants à pied. L'empereur de Byzance est inquiet car ces grands seigneurs ne viennent pas comme des pélerins mais comme des combattants : il essaie d'obtenir des assurances de la part de ces hommes et de faire en sorte que les territoires reconquis lui soient remis comme à leur propriétaire légitime. Cela suppose que ces combattants prêtent serment. L'empereur byzantin en serait le suzerain. La plupart hésitent et acceptent pour finir. Bohémond de Tarente accepte, mais sollicite en échange d'être nommé le grand domestique d'Orient, poste qui lui aurait donné le commandement des forces impériales en Asie Mineure, et par conséquent, de l'expédition croisée. Il est le fils de Guiscard de Hauteville qui est en train de se constituer un territoire en Italie du Sud et en Sicile. C'est donc un normand, ennemis depuis longtemps de Byzance, qui redoute les visées expansionnistes de la maison de Normandie.

L'empereur aide les Croisés à franchir les Détroits. C'est une vague qui traverse la Turquie, reprend Nicée en juin 1097; la ville est rendue à l'empereur. Ils descendent ensuite
vers la Syrie.

Le frère de Godefroi de Bouillon, Baudouin de Boulogne, s'installe à Édesse : il est le premier à se détacher du groupe : il fonde en mars 1098 le comté d'Édesse, qui est le premier État croisé. Il épouse ensuite une princesse arménienne; il est ce que l'on appelle un poulain, c'est-à-dire un Occidental orientalisé.


Le siège d'Antioche (octobre 1097-juin 1098) :
Antioche est un verrou sur la route de Jérusalem : son siège est bien connu. Très difficile, il dure neuf mois, d'octobre 1097 à juin 1098. Les conditions sont très difficiles pour les assiégeants : climat, épidémies, dissensions entre les combattants (en particulier entre les Byzantins et les Croisés), arrivée des Turcs, menés par Kerbogha, qui attaquent les Croisés. Les défections sont nombreuses : Pierre
l'Ermite, Etienne de Blois... C'est alors qu'arrive un miracle : Pierre Barthélemy, un paysan provençal, a une vision, qui lui montre l'endroit où on trouvera la Sainte Lance qui a percé le flanc du
Christ. On creuse donc toute la nuit et on trouve effectivement une lance. Est-ce la vraie lance? On fait tenir à Pierre Barthélémy un fer rouge pour l'éprouver, il est brûlé... (et d'ailleurs meurt peu après).
Les théologiens expliquent cela par le fait qu'il a douté, ce qui explique qu'il ait été puni; cependant c'est bien la vraie Lance... Cela galvanise les troupes qui prennent Antioche en juin 1098.

Les Byzantins ne sont pas restés sans rien faire : Alexis arrivait avec une armée de secours quand il rencontre des fugitifs : leurs rapports pessimistes, le désir de conserver les récentes conquêtes faites à la faveur de la croisade, la crainte de se mesurer à Kerbogha amènent Alexis à rebrousser chemin.

Puisqu'Alexis n'a pas porté aide à ses vassaux, ceux-ci se considèrent comme déliés de leurs engagements : la croisade a rompu avec Byzance. C'est ainsi qu'Antioche, pourtant un des cinq patriarcats, n'est pas rendue.



La constitution des États latins d'Orient :
Le 15 juillet 1099 c'est la prise de Jérusalem : ses habitants sont massacrés. La prise de Jérusalem va devenir pour l'Islam le signe de l'intolérance chrétienne. Un certain nombre de pélerins repartent pour l'Occident dans les mois qui suivent, et y portent la nouvelle du triomphe de la chrétienté. L'annonce de la prise de Jérusalem contribue à inciter au départ de nouvelles foules, cependant que le pape Pascal II (1099-1118) prononce l'excommunication pour ceux qui n'ont pas accompli leur voeu, renvoyant ainsi vers Jérusalem les déserteurs, comme Étienne de Blois ou Hugues de Vermandois.

Plusieurs armées se forment, dépassant souvent le millier d'hommes. Faute d'entente, les «arrière-croisades», armées aussi nombreuses que celles de la première croisade, échouent en Anatolie devant l'unité provisoire des Turcs.
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MessageSujet: Re: De la 1ere croisade à la prise de jerusalem   De la 1ere croisade à la prise de jerusalem EmptyVen 23 Mai - 19:48

Lusignan - Les Lusignan étaient une dynastie féodale du Poitou, peut-être apparentée à celle des
Lusignan de l'Agenais, rendue célèbre par la légende de Mélusine. On en connaît mal l'origine, et la suite n'en est sûre qu'à dater du Xe siècle (vers 967) ; la plupart des seigneurs portent de père en fils le nom de Hugues, ce qui augmente encore la difficulté. On cite : Hugues IV, dit le Brun (jusque vers 1030); Hugues V, tué traîtreusement en 1080; Hugues VI, dit le Diable, qui prend part à la première croisade; Hugues VII, qui suit Louis VII en Orient; enfin Hugues VIII, duquel descendent, d'une part, les comtes de la Marche et d'Angoulême; d'autre part, les rois de Chypre et de Jérusalem, et, par ces derniers, les Lusignan de la Petite-Arménie. De Hugues VIII descendent les rois de Jérusalem et de Chypre, par le fils de ce seigneur, Guy ou Gui, mari de la reine Sybille, qui acheta l'île de Chypre à Richard Coeur de Lion (1192) :

Gui de Lusignan, dernier roi de Jérusalem, était le 4e fils de Hugues VIII, dit le Brun. D'abord comte
de Jaffa et d'Ascalon, il fut appelé au trône en 1186, par suite de son mariage avec Sibylle, fille d'Amaury Ier. L'année suivante, il fut vaincu à la bataille de Tibériade et fait prisonnier par Saladin, qui
le força à renoncer au titre de roi de Jérusalem. Néanmoins, il reprit ce titre dès qu'il fut rendu à la liberté et le céda en 1192 à Richard, roi d'Angleterre, qui lui donna Chypre en échange. Gui régna sur cette île jusqu'en 1194, et la transmit à sa postérité. il a pour successeur à Jérusalem son frère, Amaury, comte de Jaffa, qui est couronné roi en 1197 par les ambassadeurs de L'empereur Henri VI,
auquel il prête hommage. Il meurt en 1205. - Son fils, Hugues, lui succède (mort en 1218). - Henri ler, fils du précédent (1248-53). - Hugues II, fils du précédent (1253-67), meurt sans enfants. Il a pour
successeur son cousin, Hugues Ill d'Antioche (1267-84).- Jean ler (1284-85), et Henri II (1285-1324), fils de Hugues III ce dernier meurt sans enfants. - Hugues IV, fils de Guy, lequel était le cinquième fils
de Hugues III (1324-59). - Pierre Ier, fils du précédent (1359), assassiné le 17 janvier 1369. - Pierre II, fils du précédent (1369-1382), meurt sans enfants. - Jacques Ier, fils de Hugues IV (1382-1398). - Jannus de Lusignan, fils du précédent (1398-1432). - Jean II de Lusignan (1432-1458). - Charlotte de Lusignan, sa fille, reine de 1458 à 1461, épouse en secondes noces Louis de Savoie, comte de Genevois, cède ses droits en 1485 à Charles Ier duc de Savoie. - Jacques II le Bâtard, fils naturel de Jean II, expulse Charlotte en 1460, épouse Catarina Cornaro, patricienne de Venise (morte en 1473).
Sa veuve gouverne le pays, puis retourne à Venise et y meurt en 1541. Les enfants naturels de Jacques II sont incarcérés par ordre de la République, et leur descendance disparaît au XVIe siècle. La seigneurie de Chypre appartient dès lors à Venise. - Le nom de Lusignan subsiste encore aujourd'hui.
Durant quelques années, au XIVe siècle, une branche des Lusignans de Chypre occupa le trône de la Petite Arménie. après qu'une des descendantes de Guy de Lusignan, Zabel de Lusignan, ait épousé à la fin du XIIIe siècle un roi de la Petite-Arménie. Les Arméniens, chassés de leur pays natal par les invasions turques, s'étaient au XIe siècle, étendus dans la plaine de Cilicie, et un chef du nom de Roupen y avait fondé un royaume indépendant, dit de la Petite Arménie. En 1342, la dynastie roupénienne est remplacée par les Lusignans, en la personne de Jean, dit Constantin III, fils d'Ysabelle,
fille elle-même du roi Léon III, et épouse d'Amaury de Lusignan, frère de Henri II, roi de Chypre. Il est tué la même année; il a pour successeur son frère Jean, tué également deux ans plus tard. - De 1344
à 1362 règne Constantin IV, fils du maréchal du royaume, Baudouin, qui descendait, croit-on, de Léon III. - Léon VI, fils probablement de Constantin IV, règne jusqu'en 1374; à cette date, il est battu et fait prisonnier par les Mamelouks d'Égypte, et incarcéré au Caire; délivré en 1382, il se retire l'abord en Espagne, où il devient seigneur de Madrid, puis en France, où Charles VI le pensionne, et où il meurt au
couvent des Célestins de Paris, en 1393. Sa femme lui survivra jusqu'en 1405. - Le titre de roi d'Arménie fut également porté par les rois de Chypre depuis 1368 jusqu'à Catarina Cornaro.
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MessageSujet: Re: De la 1ere croisade à la prise de jerusalem   De la 1ere croisade à la prise de jerusalem EmptyVen 23 Mai - 19:54

Renaud de Châtillon, né en 1120, entré dans l'ordre du Temple en ....exécuté en 1187 à Hattin, prince consort d'Antioche (1153-1163), puis seigneur d'Outre-Jourdain et d'Hébron, fils cadet d'Henri Ier, seigneur de Châtillon et d'Ermengarde de Montjay

C'est un cadet sans fortune, mais qui passe pour être un magnifique guerrier. Il part pour la Terre Sainte et épouse Constance, princesse d'Antioche, veuve de Raymond de Poitiers. C'est alors qu'il se révèle comme un aventurier sans scrupule et un chevalier brigand en allant piller l'île de Chypre, qui était alors sous la domination byzantine. La riposte de l'empereur Manuel Ier Comnène ne se fait pas attendre et il va assiéger Antioche, obligeant Renaud de Châtillon à se soumettre en s'humiliant et à prêter hommage à l'empereur (1159).

Peu après, il est fait prisonnier par Nur ad-Din et restera emprisonné à Alep de 1160 à 1177. Pendant sa captivité, Constance d'Antioche meurt et un fils issu du premier mariage de Constance lui succèdera.

Libéré en 1177, il reçoit la seigneurie d'Hébron et épouse Étiennette de Milly, dame d'Outre-Jourdain et devient seigneur de Montréal et d'Outre-Jourdain. Ses années de captivité ne l'ont pas du tout assagi et il multiplie les provocations. En 1181, malgé une trêve conclue entre Baudouin IV de Jérusalem et Saladin, il pille une caravane se rendant à la Mecque. En 1182, il monte une expédition en Mer Rouge, pille les ports du Hedjaz et menace les villes saintes de l'Islam, La Mecque et Médine. Saladin
vient l'assiéger et il ne doit son salut que grâce aux secours de Baudouin IV. En 1187, il attaque encore une caravane allant de l'Egypte à Damas et Saladin engage la guerre contre le royaume de Jérusalem. La bataille entre les deux armées a lieu à Hattin et les Francs sont vaincus. Renaud, fait prisonnier, est immédiatement exécuté par Saladin.
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MessageSujet: Re: De la 1ere croisade à la prise de jerusalem   De la 1ere croisade à la prise de jerusalem EmptyVen 23 Mai - 19:55

Saladin




Né en 1138 à Takrit, en Mésopotamie (ou l'Irak de nos jours), ce kurde de son vrai nom Salah al-Din Yusuf al-AyyubiSaladin, c'est sous le nom de
Saladin qu'il est connu en Occident. Entre 1164 et 1169, il se distingua au cours de trois expéditions afin de protéger le califat fatimide décadent d'Égypte contre les attaques des Croisés chrétiens établis en Palestine. À la mort de son oncle en 1169, il lui succéda au
poste de vizir du calife fatimide du Caired. Saladin considérait l'Égypte comme une base politique ayyubide et s'appuyait principalement
sur le soutien des siens, les Kurdes. Il relança l'économie de l'Égypte, réorganisa l'armée de terre et les forces navales. En
septembre 1171, il renversa le régime fatimide et se proclama sultan, il instaura la suzeraineté nominale des califes abassides sur l'Égypte
et mit fin au schisme religieux entre les chiites d'Égypte et les autres musulmans sunnites.


Après la mort de Nur al-Din en 1174, dans la perspective de réunir en un seul État les terres éparses
de l'islam, qui lui avait déjà fait entreprendre la conquête de l'Arabie méridionale, Saladin étendit son pouvoir sur la Syrie et le
nord de la Mésopotamie, en éliminant le cas échéant ses rivaux musulmans. Suite à la soumission de Damas (1174), d'Alep (1183) et
d'Al-Mawsil (1186), de nombreuses armées musulmanes, alliées sous le commandement de Saladin, étaient prêtes à aller combattre les Croisés.
En 1187, Saladin envahit le Royaume latin de Jérusalem, triompha des Francs à la bataille de Hattin, en Galilée (4 juillet) et s'empara de Jérusalem le 2 octobre, ce qui entraîna les monarchies catholiques d'Europe occidentale à lancer la troisième croisade pour reconquérir la
ville sainte (1189).


Les chrétiens concentrèrent leurs efforts sur le siège d'Acre. Saladin tenta vainement de dégager la ville. Finalement Acre succomba en 1191, mais les Croisés ne surent pas
profiter de leur victoire pour reprendre Jérusalem. En 1192, Saladin signa un traité de paix avec Richard Ier Cœur de Lion, roi d'Angleterre, qui permit aux chrétiens de reprendre possession de toute la côte de Jaffa à Tyr, en laissant Jérusalem aux musulmans. Le 4 mars
1193, Saladin décéda à Damas, des suites d'une maladie fulgurante.
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MessageSujet: Re: De la 1ere croisade à la prise de jerusalem   De la 1ere croisade à la prise de jerusalem EmptyVen 23 Mai - 19:56

Sibylle de Jérusalem (1159-1190), reine de Jérusalem, fille d'Amaury Ier de Jérusalem et d'Agnès de Courtenay

mariée en premières noces en 1176 avec Guillaume VI de Montferrat (1150-1177), comte de Jaffa et d'Ascalon d'où :

Baudouin V (1178-1186), roi de Jérusalem mariée en secondes noces en 1180 avec Guy de Lusignan (mort en 1192), roi de Jérusalem et de Chypre
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MessageSujet: Re: De la 1ere croisade à la prise de jerusalem   De la 1ere croisade à la prise de jerusalem EmptyVen 23 Mai - 20:00

Un ordre musulman qui a fait beaucoup parler de lui :

« La Secte des Assassins »

Pour
appréhender ce phénomène, il est nécessaire de faire un bref retour en arrière au moment de la mort du Prophète en 632. D’après l’universitaire Bernard Lewis (« Les Assassins : Terrorisme et Politique dans l’Islam Médiéval », Editions Complexe 1982), Mahomet ne
se sentait pas d’origine divine, mais plus simplement porteur d’un message divin : la Récitation (le Coran) ; à sa mort, il ne laisse
aucune consigne concernant sa succession, le pouvoir passe à l’un de ses fidèles, père de l’une de ses épouses, Abû Bakr qui prend le titre de Calife ou Lieutenant du Prophète et fonde de fait l’institution du Califat. Mais ce pouvoir est presque immédiatement contesté par ceux
qui pensent que seul le sang du prophète peut guider les musulmans et se placent derrière Alî, le cousin du Prophète. Ainsi, à la mort de Mahomet, l’Islam naissant connaît déjà son premier schisme, celui qui va les diviser irrémédiablement entre Chiites et Sunnites ; les Chiites
pensant que le recours à la famille Prophète permettrait un retour au message originel de Mahomet.
Plus tard, la domination des Turcs Seldjoukides (Sunnites) allait participer à une nouvelle scission au
sein de l’Islam qui comptait désormais deux grands courants eux-mêmes
divisés en plusieurs tendances. les « Assassins » était une branche iranienne (perse) des Ismaéliens, eux-mêmes séparés des Fatimides
(partisans de Fatima donc Chiites) d’Egypte pour des raisons de succession. On les nomme également Nizarite, du nom de celui qui fut
écarté du pouvoir fatimide égyptien, Nizar. Ces Nizârites se distinguent des Fatimides par leur hostilité à une forme de temporalité (donc de politique au sens littéral de « gouverner la cité ») de l’Islam au profit d’une vision plus pure et idéale. Ils avaient comme
ennemis les Seldjoukides (Turcs) et bien sûr les Croisés !

« Le Vieux de la Montagne » : Hassan Ibn Sabbah.
Hassan Ibn Sabbah naît en Perse, en pleine région Chiite, à Qum, au milieu du
XIème siècle, dans une famille de commerçants bourgeois affiliée aux Ismaéliens. C’est un brillant étudiant coranique qui ne va pas supporter le renversement théologique imposé de force par les Seldjoukides, ardents propagateurs de la foi Sunnite. Sous la nouvelle autorité turque, le Chiisme n’est plus qu’une doctrine à peine tolérée et parfois même persécutée ! Outragé au plus profond de sa foi, le jeune Hassan Ibn Sabbah se lance dans des diatribes subversives à l’égard du nouveau pouvoir seldjoukide, ce qui le force à une émigration vers l’Egypte fatimide, derniers grand bastion du Chiisme. Mais la corruption qui règne au sein du pouvoir égyptien remplie le jeune Hassan d’amertume, il ne trouve de réconfort que dans la parole du Nizar, le fils aîné du Calife qui désire reprendre le pouvoir pour bouter les Seldjoukides or de Perse. Avec Nizar, ils conviennent d’un plan ; à la mort du vieux Calife, Nizar mènera les armées Chiites d’Egypte à la reconquête de la Perse tombée aux mains des Turcs Seldjoukides sunnites. Dans cette optique, Hassan Ibn Sabbah retourne en Perse pour préparer le grand retour du Chiisme victorieux. Il s’installe au cœur du massif montagneux de l’Elbrouz en s’emparant par la ruse de la forteresse d’Aluh Amut en 1090 qui deviendra le quartier général de ses fidèles.

La forteresse d’Alamùt et l’Ordre des Assassins.

C’est
parmi les perses du nord à forte tendance ismaélienne que Hassan recruta les membres de son ordre. Il gagna les dissidents qui étaient nombreux dans cette région, grâce à son charisme, mais surtout il se servit de la force du Chiisme dans une région où le Sunnisme était considéré comme un pouvoir usurpé. Cette nouvelle activité prédicatrice inquiéta le vizir turc qui donna l’ordre de le capturer ; c’est à ce moment que celui qui n’était pas encore « le vieux de la montagne » décida de trouver un quartier général imprenable, garant de sa sécurité.

Il arrêta son choix sur la forteresse d’Alamùt, construction inexpugnable bâtie à plus de 1800 mètres d’altitude sur un piton rocheux du massif de l’Elbrouz. Ce château était alors la propriété d’un certain Mihdi qui l’avait obtenu du sultan seldjoukide. La prise de la forteresse si fit par la ruse, il aurait d’abord converti à sa cause des villageois des alentours puis aurait investi le château et donné en dédommagement à Mihdi 3000 dinars-or (d’après Bernard Lewis, mais les versions de la prise d’Alamùt divergent).

D’après le chroniqueur persan Rachîd al-Din, pendant les trente-cinq années de son règne, Hassan Ibn Sabbah
ne sorti qu’en deux occasions de sa forteresse… pour monter sur le toit et méditer !

Chez les « Assassins », les adeptes sont classés par niveau d’instruction, de fidélité et de témérité ; l’entraînement, fondé sur l’endoctrinement et l’activité physique est intense. L’arme suprême de Hassan Ibn Sabbah est la terreur qu’il distille savamment par des meurtres nombreux et spectaculaires. Les membres sont envoyés par petits groupes assassiner la victime désignée par « le Vieux de la
Montagne ». L’exécution est obligatoirement publique dans le but de marquer les esprits, c’est la raison pour laquelle ces crimes politiques se passe près de la mosquée le vendredi aux alentours de midi !

Le chroniqueur musulman Ibn al-Athir raconte que le premier attentat perpétré par la secte eut lieu deux ans après la prise
d’Alamùt, en 1092, sur la personne du vizir seldjoukide Nizâm el Mulk et qu’aussitôt après le pouvoir se disloqua… La voie semble ouverte à
la reconquête chiite via les Fatimides d’Egypte. Cependant, la tentative de prise du pouvoir au Caire par Nizar échoue et tourne au
tragique puisqu’il est emmuré vivant ! Hassan Ibn Sabbah est dorénavant seul à œuvrer dans la région pour la restauration du Chiisme, il doit faire évoluer sa stratégie et décide de maîtriser le pouvoir politique par un réseau occulte de maîtres chanteurs. Pour cela il n’hésite pas à nouer des alliances avec les croisés (on parle notamment d’entrevue avec l’Ordre du Temple). En dépit de septe année de siège, le nouveau Sultan Seldjoukide ne parviendra pas à déloger les « Assassins » de leur repaire ; à la mort du « Vieux de la Montage », ses successeurs vont poursuivre son œuvre et le nom des « Assassins d’Alamùt » va résonner jusque dans les cours d’Occident…
Le glas de leur pouvoir viendra des Mongols qui détruiront Alamùt en 1257.

Le mot « Assassins » apparut la première fois dans les chroniques des croisades pour désigner une secte musulmane dominée par un mystérieux « Vieux de la Montagne », leurs mœurs et croyances les rendaient « aussi abominables aux bons chrétiens qu’aux bons musulmans ». C’est le rapport d’un émissaire en Egypte de l’Empereur Barberousse qui date de 1175 qui en fait première fois mention :

« (…) il existe une
certaine race de Sarrasins qui, dans leur dialecte, s’appellent Heyssessini, et en romain, segnors de montana. Cette race d’hommes vit sans lois ; ils mangent de la chair de porc contre la loi des Sarrasins et disposent de toutes les femmes, sans distinction, y compris leurs
mères et leurs sœurs. Ils vivent dans la montagne et sont pratiquement inexpugnables car ils s’abritent dans des châteaux bien fortifiés. (…) Ils ont un maître qui frappe d’une immense terreur tous les princes sarrasins proches ou éloignés, ainsi que les seigneurs chrétiens voisins, car il a coutume de les tuer d’étonnante manière. (…) Dans ces palais, il fait venir, dès leur enfance, nombre de fils de paysans. Il
leur fait enseigner diverses langues, comme le latin, le grec, le romain, le sarrasin et bien d’autres encore.
(…) on apprend à ses jeunes gens à obéir à tous les ordres et à toutes les paroles du
seigneur de leur terre qui leur donnera alors les joies du paradis parce qu’il a pouvoir sur tous les dieux vivants. (..) Le prince donne
alors à chacun un poignard d’or et les envoie tuer quelque princes de son choix. »

Quelques temps plus tard, le chroniqueur Guillaume de Tyr mentionne la secte en quelques lignes : « Le lien de soumission et d’obéissance qui unit ces gens à leur chef est si fort qu’il n’y apas de tâche si ardue, difficile ou dangereuse que l’un d’entre eux n’accepte d’entreprendre avec le plus grand zèle à peine le chef l’a-t-il ordonné. (…) Nos gens comme les sarrasins les appellent Assissini ; l’origine de ce nom nous est inconnue. »

D’après les
minutieuses recherches effectuées par l’universitaire Bernard Lewis, c’est en 1192 que la secte frappait sa première victime chrétienne :
Conrad de Montferrat, Prince de Jérusalem ; ce meurtre allait avoir un puissant retentissement dans la communauté chrétienne d’Orient en orientant nombre de témoignages de chroniqueurs sur cette étrange et dangereuse secte de fanatiques : le chroniqueur Arnold de Lübeck dit
rapporter dans son texte des témoignages oraux de témoins : « Ce Vieux a, par sa magie, tellement obnubilé les hommes de son pays qu’ils ne vénèrent ni n’adorent d’autres Dieu que lui. Il les séduit d’une étrange manière par de telles espérances et la promesse de tels plaisirs dans une jouissance éternel qu’ils préfèrent mourir plutôt que vivre. Nombre d’entre eux sont même prêts, sur un ordre ou un simple signe de lui, à sauter du haut d’une grande muraille et à périr d’une mort atroce en se fracassant le crâne. Les plus heureux, affirme-t-il, sont ceux qui versent le sang humain et qui, en contre partie, trouvent eux-mêmes la mort. (…) il (le Vieux) leur fait voir par sa magie certains rêves fantastiques, pleins de délices et de plaisirs, plutôt d’imposture, et leur promet la possession éternelle de ces biens en récompenses de tels actes. »

Ces trois témoignages révèlent un
aspect important du mythe « Assassins », ce qui frappe l’imagination des chrétiens des croisades, c’est le caractère fanatique de leur méthode plus que le meurtre en lui-même ! On remarque que le rapport fait à l’Empereur Barberousse est plus riche d’indications que les
autres témoignages ci-dessous qui semblent eux, uniquement marqués par la dimension fanatique des « Assassins », en effet, ce texte les accuse de copuler avec leurs mères ou/et leurs progénitures, c’est une accusation que l’on retrouve dans bien des procès en sorcellerie ou en Inquisition. Ce témoignage est-il valide ou reflète-t-il une volonté de l’auteur - et donc du pouvoir impérial du St Empire - de diaboliser cette secte en utilisant un vocabulaire habituellement réservé aux hérétiques ?

Quoiqu’il en soit, bien plus tard, en 1332, un prêtre allemand du nom de Brocardus (encore un citoyen du St Empire Romain Germanique !) rédigea un traité pour le roi de France Philippe VI dans le but de l’éclairer dans l’entreprise de croisade qu’il rêvait d’entreprendre, ce prêtre grand voyageur met en garde le souverain contre maints dangers dont « (…) les maudits Assassins qu’il faut fuir. Ils se vendent eux-mêmes, ont soif de sang humain, tuent les innocents pour certains prix et ne se soucient ni de la vie ni du salut de l’âme. Comme le démon, ils se transfigurent en anges de Lumière, en imitant les gestes, les habits, la langue, les mœurs et les actions des divers peuples et nations ; ainsi, couverts de peaux de brebis, ils subissent la mort dès qu’ils sont reconnus. » On observe que la mise en garde du prêtre Brocardus à l’égard du roi de France est pétrie d’influence inquisitoriale. En effet, on a vu plus haut dans le rapport fait à Barberousse que les « Assassins » apprenaient les us et coutumes de leurs ennemis pour mieux les infiltrer et les surprendre ; dans la bouche de Brocardus, ce « talent » se transforme en diablerie dans le but certain de les apparenter à des hérétiques (voir à ce sujet la thèse d’Uwe Brün et la façon dont l’inquisiteur Conrad de Marburg décrivait l’hérésie sataniste des serviteurs du chat noir, 2002 à
l’U.N.S.A.).

A peine plus tard, le florentin Giovanni Villani raconte la façon dont un conspirateur avait fait envoyer à son pire
ennemi « ses assassins venus des montagnes d’Orient ».

Guillaume de Tyr relate une rencontre entre Templiers et « Assassins » où pour
obtenir l’alliance du Temple « Le Vieux de la Montagne » n’aurait pas sité à provoquer le suicide de ses hommes pour prouver la qualité de
son alliance aux Chevaliers du Temple…
Le vénitien Marco Polo qui aurait traversé la Perse vers 1273 livre un témoignage assez précis des coutumes des hommes d’Alamùt, cependant, la controverse qui entoure le personnage de Marco Polo et son voyage nous interdit de le prendre en considération comme les sources citées plus haut ; cependant, si Marco Polo n’a pas effectué son fameux voyage – il aurait simplement été emprisonné quelque part en Orient et aurait compilé les témoignages de ses compagnons d’infortune - on ne peut qu’être troublé par la véracité de la description qu’il fait de la secte : « Le vieil homme était appelé en leur langage Aloadin. (…) il leur faisait boire un breuvage qui les endormait aussitôt, puis les faisait emporter dans son jardin. (…) Et quand il veut envoyer en quelque lieu un de ses Hasisins, il fait donner de son breuvage à l’un ou à l’autre de ceux qui sont dans son jardin, et le fait porter dans son palais. (…) Et quand le Vieil veut faire occire un grand seigneur, il leur dit : Allez et tuez telle personne et quand vous reviendrez, je vous ferai porter par mes anges en Paradis. »

Si les chroniqueurs médiévaux font mention d’un mystérieux breuvage qui rend docile les membres de cette secte, il faut attendre les études faites au XIXème siècle pour que l’on trouve une explication du vocable « Assassin », c’est à cette époque que serait née la fameuse explication relative au hachîch d’où le nom d’hachînchiyyîn (fumeur de hachich).

On ne peut qu’être surpris par le très faible nombre de sources musulmanes médiévales relatant « la Secte des Assassins », pourquoi si peu de textes ? Volonté de relative union sacré de l’Islam face à la menace franque ou peut-être les « Assassins » n’était-ils que des Chiites désirant
chasser les Seldjoukides comme tant d’autres Ismaéliens de l’époque ?

Que doit-on penser de ces chroniques chrétiennes ? Alamùt était-elle si puissante qu’elle allait jusqu’à inquiéter les souverains jusque dans leurs châteaux de France ? Rien n’est moins sûr. Par contre, il est certain que l’hérésie était un crime parmi les plus graves et que la diabolisation d’un ennemi grâce au même procédé était le garant d’un consensus contre lui. Pourtant on sait que Templiers et Hospitalier –garants de la foi chrétienne - tentèrent des rapprochements sporadiques et militaires avec eux.

L’une des explications les plus intéressantes est celle de la diabolisation de l’ennemi à
outrance, dans le but de montrer à tous, et principalement au pape les difficultés de l’entreprise franque en Terre Sainte, c’est l’explication qu’avance brillamment l’universitaire Jean-Philippe Camus dans son article sur le cannibalisme chez les croisés (dans ce numéro)
; si les chroniqueurs rapportent ces faits monstrueux c’est dans le but de montrer la dureté des conditions du combat en Terre Sainte.
Curieusement, dans bien des cas, les chroniqueurs qui mettent en avant l’anthropophagie franque et le fanatisme des « Assassins » sont les mêmes ! La question demeure ouverte et passionnante : ces chroniques sont-elles fidèles à la réalité ou sont-elles d’habiles récits de propagande ?


Un texte de Philippe Ilial
Professeur d’Histoire-Géographie au Lycée St Vincent de Paul de Nice,
Diplômé d’Etudes Approfondies en Histoire, Codirecteur de la Publication du Magazine Les Temps Médiévaux
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