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 [Contes] La robe écarlate

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Valdoise Châtillon

Valdoise Châtillon


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MessageSujet: [Contes] La robe écarlate   [Contes] La robe écarlate EmptySam 22 Aoû - 18:56

Un chevalier du comté de Dammartin a fait sa mie d'une femme aimable et jolie, mariée à un riche vassal dont le château n'est distant du sien que de deux lieues. Soucieux de plaire à la dame, il ne laisse échapper aucune occasion d'acquérir gloire et honneur. Aussi, dans toute la contrée, le regarde - ton comme un preux chevalier. Le vassal, au contraire, aime à parler et ne brille que quand il paraît devant un tribunal ou discute une affaire.

Un certain jour de juillet, le vassal est obligé de quitter son château pour assister à la cour de justice de Senlis. Aussitôt, la dame envoie secrètement un émissaire vers son ami et le prie de venir la rejoindre dès que la nuit le permettra. L'amant chausse ses éperons d'or, passe une riche robe d'écarlate fourrée d'hermine et enfourche son meilleur palefroi. Il emmène avec lui pour s'amuser en route, si le hasard lui faisait lever quelque alouette, un épervier et deux chiens. Tout le monde est déjà couché quand il arrive au château. Sans éveiller personne, il attache son cheval, fait percher l'oiseau de proie et en catimini se rend à la chambre de la dame qui l'attend au lit...

Au point du jour, le mari rentre. Les plaidoiries de la cour ont été remises à la semaine suivante et il a hâte d'aller se reposer. Quel n'est pas son étonnement de trouver à l'entrée du château un cheval, deux chiens et un épervier. Il soupçonne bien vite quelqu'un d'être auprès de sa femme et monte rapidement. Le chevalier, heureusement, a entendu les sabots de la monture du vassal. Il saisit à la hâte ce qu'il peut de ses habits, se précipite entre le lit et la paroi et s'y tapit. La dame, pour le cacher, jette sur lui son manteau; mais, hélas, dans sa précipitation, l'amant n'a pas eu le temps de prendre sa robe qui se trouvait sur un coffre près de la couche; et c'est le premier objet que le mari aperçoit.

- Madame, dit-il d'un ton fort sec, que signifie tout cela? je viens d'apercevoir, en bas, un cheval et des chiens et je trouve maintenant cette robe. Qui est venu ici en mon absence?

- Sire, répond-elle, c'est un présent qu'on vous fait. Mais dites-moi, n'avez-vous pas vu mon frère qui vient de partir à l'instant même? je m'étonne que vous ne l'ayez pas rencontré dans l'escalier. Il est venu ici avec cette belle robe et moi, naïvement, je me suis mis dans la tête qu'elle vous irait fort bien. N'est-elle pas à votre taille? Mon frère s'en est aussitôt dépouillé, me priant de vous faire accepter en même temps ses éperons d'or, ses chiens, son épervier et son palefroi. Vous devinez, sire, quelle a été ma réponse à cette offre généreuse; mais j'ai eu beau me fâcher, il ne m'a pas écoutée et s'en est allé en vous laissant le tout. Soyez raisonnable; acceptez donc ce que mon frère vous remet par bonté et un refus ne pourrait que lui causer de la peîne. Du reste, vous trouverez bien, un jour, de quoi vous racheter.

La bourde réussit à merveille. Finalement, le vassal, un peu avare, est enchanté du présent. Sans doute, la robe l'humilie quelque peu. Il aurait bien voulu que sa femme l'exclue du cadeau et appréhende qu'on ne le taxe de peu de délicatesse.

- Point du tout, sire, on dira que c'est de votre part franchise et sage complaisance. On ne saurait tout de même refuser ce qui vient de la main d'un ami et pour moi, quand je vois quelqu'un craindre de recevoir, c'est que la personne a peur de rendre...

Enfin, elle parle si bien qu'il doit reconnaître qu'elle a raison et promet de tout garder. Il se couche et trouve entre les bras de sa femme une telle médecine d'amour qu'il ne tarde pas à s'endormir profondément. Aussitôt la dame pousse du pied son ami. Celui-ci se rhabille prestement, enfile sa robe écarlate, dégringole l'escalier, remonte sur son cheval et file avec ses chiens et son oiseau. Vers midi, le vassal se réveille et sa première pensée le ramène à la belle robe. Son écuyer, qui, la veille, a été aux champs tout le jour pour surveiller le travail des moissonneurs, lui en apporte une verte.

- Ah non! je veux celle qu'on m'a donnée hier soir.

Sa femme le regarde d'un air étonné et lui demande s'il a acheté une nouvelle robe à Senlis.

- Mais non, c'est celle de votre frère! Vous devriez le savoir encore mieux que moi puisque vous m'avez dit que c'était un cadeau de lui.

- Mon frère, sire, il y a plus de quatre mois que je ne l'ai vu. Assurément, vous avez fait un mauvais rêve. Et s'il était venu céans, comme vous le prétendez, il se serait bien gardé de tenir à sa soeur des propos d'un homme ivre ou fou et de vous offrir une de ses robes. Laissez cela aux ménétriers, aux jongleurs et à tous ces vagabonds qui chantent pour nous amuser. Votre terre vous rapporte plus de huitante livres; il y a là de quoi satisfaire toutes vos fantaisies. Achetez donc un palefroi aussi beau qu'il vous plaira, faites vous couper les plus beaux habits, mais songez que vous n'êtes pas fait pour porter ceux des autres. Enfin, mon ami, soyez de bonne foi et dites-moi franchement si vous avez vu une robe écarlate ici?

- Oui, certes, je l'ai vue, elle était là posée sur ce coffre et j'en suis aussi sûr que vous êtes là vous-même.

- Hélas, mon doux ami, vous m'inquiétez grandement et ne serais guère étonnée qu'un accident vous soit advenu sur le chemin du retour, quelque mésaventure que vous voulez me cacher. Regardez-moi! Eh oui! voilà ce que je craignais; vos yeux sont jaunes et je sens la fièvre monter en vous. Certainement, vous êtes malade. Recouchez-vous vite, croyez-moi. Et puisqu'il a plu à Dieu de troubler si fortement votre mémoire, recommandez-vous à Notre-Dame ou à quelque bon saint pour qu'ils vous la rendent fidèle. Faites voeu d'aller à Saint-jacques de Compostelle et sur le chemin du retour vous irez déposer en l'église de Saint Arnoud le cierge que vous lui avez promis depuis si longtemps.

Bien que ce discours commence à inquiéter le mari, il ne peut néanmoins s'ôter de l'esprit qu'il a vu cette robe sur le coffre. Il fait venir tous ses domestiques et comme personne ne peut effectivement lui donner raison, il se persuade, enfin, que son esprit est troublé. Sérieusement alarmé de cet état, il fait voeu d'aller en pèlerinage à Saint-Jacques et quitte le château trois jours plus tard.

[Source: http://forum.lesroyaumes.com/viewtopic.php?t=176585&postdays=0&post…]
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